Appel à la grève internationale du 8 mars!
Le 8 mars est la journée internationale des droits des femmes. Depuis des décennies, nous descendons dans la rue pendant cette journée pour partager nos expériences et pour rendre visible les problématiques sociales auxquelles nous sommes confronté.e.s jours après jours. Nous sommes des femmes, lesbiennes, non-binaire, trans- et intersexuelles et nous faisons partie d’un mouvement international. L’an dernier, des millions de personnes, de la Pologne à l’Argentine, de New York à Hongkong, de l’Espagne au Nigeria, sont descendues dans les rues. Et nous étions 10 000 participant.e.s[1] à Hambourg. Cette année, en 2020, à Hambourg et à travers le monde, on recommence ! Allons manifester en entrons en grève !
Pourquoi sommes-nous en colère ?
Depuis des années, nous observons avec inquiétude que les féminicides[2] sont minimisés et rejetés comme de prétendus „actes passionnels“. Rien qu’en 2018, neuf femmes et transsexuels ont été tués à Hambourg. Nous entendons constamment des commentaires sexistes, homophobes et trans, nous sommes opprimés et exploités par un système patriarcal. Notre travail est sous-évalué et rendu invisible : Nous gagnons toujours en moyenne 22 % de moins que les hommes cis[3]. À la maison, nous effectuons d’innombrables heures de travail non rémunéré dans les domaines de l’éducation, de l’entretien et des soins. Au cours de la vieillesse, nous sommes souvent touchées par la pauvreté parce que nous ne pouvons pas joindre les deux bouts avec notre pension. Il va de soi que nous sommes censés apporter un soutien émotionnel à toutes les personnes de notre environnement et, en cas de doute, mettre de côté nos propres besoins. Aussi différents que nous soyons, nous sommes tous.tes des travailleurs.euses ! Que ce soit avec un stylo, un ordinateur ou un balai à la main, que nous soyons payés ou non : on attend de nous que nous fassions tous ces travaux sans nous plaindre et sans nous faire remarquer. Ce qui nous unit, c’est donc la force de pouvoir cesser notre travail (rémunéré et non rémunéré) !
Qui sommes-nous ?
Nous sommes des personnes très différentes, issues d’horizons multiples. Nous sommes fort.e.s dans notre diversité et nous revendiquons le droit de vivre librement dans une société qui garantit l’égalité des droits pour tous. Le 8 mars, nous descendrons dans la rue pour rendre visible ce qui, autrement, disparaît dans la sphère privée. Nous cherchons une expression unificatrice de nos expériences qui, autrement, restent isolées. Nous défendrons une société dans laquelle chacun a ce dont il a besoin et dans laquelle chacun peut être différent sans crainte. Car nous ne voulons pas évoluer dans un système basé sur la concurrence, la discrimination et l’exploitation des personnes et de l’environnement. Nous nous battons pour un changement social fondamental et un féminisme anticapitaliste.
Que voulons-nous ?
La grève est l’occasion de rassembler des luttes différentes et de travailler ensemble de manière solidaire afin de se rendre plus actif. Nous nous battons pour un monde dans lequel nous pouvons travailler selon nos capacités et nos besoins et dans lequel chaque emploi est valorisé. Nous rendons visible le travail invisible et non rémunéré. Nous politisons les relations (notamment familiales) parce que le privé est politique. Nous voulons décider nous-mêmes si, quand et comment nous travaillons, car chaque seconde de notre journée nous appartient.
Nous demandons la reconnaissance sociale et l’appréciation matérielle des professions du secteur des soins, telles que les soins infirmiers, l’enseignement et l’entretien. Nous nous opposons à la criminalisation des travailleur.e.s du sexe. Nous défendons une société dans laquelle nous pouvons tous mener une vie digne et en toute sécurité ! Nous sommes solidaires des luttes des personnes trans, inter et non binaires dans le monde entier, car nous sommes les seul.e.s à déterminer notre genre. Nous ne nous laissons pas dicter notre apparence, notre comportement ou notre tenue vestimentaire. Et autorisons encore moins d’être attaqué.e.s ou insulté.e.s pour cela. Nous ne devrions pas avoir besoin d’être protégé.e.s contre les hommes cis, nous exigeons la fin de toute violence. Toute attaque contre l’un.e d’entre nous est une attaque contre nous tous.tes !
Nous décidons nous-mêmes si nous avons des relations sexuelles ou avec qui nous en avons, quand et qui nous aimons. Nous nous battons pour le droit de contrôler notre propre corps. Nous décidons si et quand nous voulons tomber enceinte ou quand nous nous faisons avorter !
Nous ne nous laissons pas davantage discriminer racialement ou sexualiser en tant que „beautés exotiques“. Que vous puissiez prononcer nos noms ou non, nous ne nous adapterons pas. Notre féminisme reste antiraciste !
Nous défendons une société dans laquelle chacun peut circuler librement et où personne n’est entravé ; dans laquelle les femmes réfugiées et handicapées, les lesbiennes, les personnes non binaires, trans et inter ont un statut et un foyer sûr et décent !
Nous nous battons pour une société qui dépasse les nationalités et les frontières. Nous déclarons la guerre à l’antiféminisme, au racisme, à l’antisémitisme, à l’antiziganisme et au racisme anti-musulman !
Que signifie la grève ?
La question de savoir s’il existe un droit de grève politique en Allemagne est controversée. C’est pourquoi nous devons être d’autant plus créatifs ! Il existe de nombreuses façons de s’impliquer. Soyons solidaires et rendons-nous visibles ensemble. La grève en tant que forme de débat politique, non seulement en faisant appel aux politiciens et aux employeurs, reste un moyen efficace d’atteindre nos objectifs. Les formes d’expression sont multiples : du refus de faire du café ou de ne pas nettoyer, au refus de travailler contre rémunération, tout est possible.
Soyons actifs et organisons-nous ! Appelons à des assemblées d’étudiant.e.s, des assemblées d’entreprises, des assemblées d’ateliers pour handicapés, des assemblées de jeunes et de stagiaires. Parlons à des collègues, des ami.e.s, des grands-mères, des mères, des tantes et des sœurs.
Nous pouvons tous faire grève ensemble le 8 mars. Faisons pression sur les politiciens, manifestons dans les rues et occupons les lieux publics. Luttons, comme nos prédécesseur.se.s et nos compagnon.ne.s d’armes, avec tous les moyens nécessaires pour une vie décente pour tous. Pour que notre travail soit visible, que nos demandes soient appliquées et que l’espace public nous appartienne à tou.te.s.
Jusqu’à ce que tous les
jours soient des 8 mars ! Rejoignez-nous !
[1] Ce type d’écriture (inclusive) fait généralement référence au caractère constructif du genre et vise à laisser de l’espace pour sa propre définition.
[2] Par « féminicide » on entend un meurtre fondé sur le sexe de femmes, de personnes non binaires, trans et inter, avec ou sans handicap.
[3] Les hommes cis sont les hommes qui sont en accord avec le genre qu’on leur a assigné à la naissance. Les hommes trans sont aussi des hommes mais ils n’ont pas les mêmes privilèges et connaissent également l’oppression.